vendredi 2 novembre 2012

Michel Eyquem de Montaigne



Écrivain français, héritier de l’humanisme, qui, dans un livre unique, les Essais, a mené à bien «!le projet de se peindre!» et, par-delà, celui de décrire «!l’humaine condition!».
Les années de formation
Né dans le château de Montaigne, en Dordogne, Michel Eyquem prend le nom de ce domaine quand il en hérite. Sous l’influence bénéfique et pleine de douceur d’un père qu’il affectionne, il passe une enfance heureuse au cours de laquelle il apprend le grec et le latin selon une méthode peu traditionnelle : consigne a été donnée à son précepteur et à son entourage de ne jamais lui adresser la parole autrement que dans une langue ancienne («!sans art, sans livre, sans grammaire ou précepte, sans fouet et sans larmes, j’avais appris du latin, tout aussi pur que mon maître d’école le savait!», Essais, I, 26). Pensionnaire au collège de Guyenne à Bordeaux, il a les meilleurs maîtres et assimile brillamment l’enseignement humaniste qui y est dispensé.
L’engagement dans la vie publique et la rencontre de La Boétie
Après avoir étudié le droit à Toulouse, il est nommé conseiller à la cour des aides de Périgueux (1554), puis au parlement de Bordeaux (1557). C’est dans cette ville qu’il fait la rencontre décisive d’Étienne de La Boétie, lui aussi magistrat, avec qui il noue une amitié exceptionnelle qui exercera une influence essentielle sur sa vie et sur son œuvre. Intéressé par la chose politique, Montaigne se rend deux fois à la cour, s’implique dans les conflits religieux de son époque, et participe au siège de Rouen, par lequel les armées royales reprennent la ville aux protestants. Très douloureusement affecté par la disparition de La Boétie (1563), cette «!moitié!» de lui-même, il décide d’écrire les Essais, initialement destinés à servir de «!tombeau!» à son ami, à encadrer de réflexions la publication des poésies françaises et latines du disparu.
Une retraite consacrée à l’étude et à la rédaction des Essais
Deux ans plus tard, en 1565, il se marie, et en 1568, hérite du domaine familial puis décide de s’éloigner de la vie publique. Il fait aménager, dans une tour de son château, sa «!librairie!», c’est-à-dire sa bibliothèque, contenant tous ses livres ainsi que ceux que lui a légués La Boétie. Renonçant en 1570 à sa charge de magistrat, il se consacre à la réflexion et à l’étude des textes anciens, notamment ceux de Sénèque et de Plutarque. C’est à cette période aussi qu’il entreprend la rédaction de ses Essais, qui sont l’œuvre de sa vie. Nommé gentilhomme de la chambre du roi en 1571, il est chargé, en 1574, d’une mission auprès du parlement de Bordeaux. Plus tard il sert à deux reprises de médiateur entre le protestant Henri de Navarre, futur Henri IV, et le pouvoir royal. Parallèlement, il continue de s’adonner à l’écriture et publie en 1580 la première édition des Essais. Victime de la «!maladie de la pierre!» (la gravelle), dont il a ressenti les premières atteintes en 1578, il tente, à partir de 1580, de se faire soigner dans différentes villes d’eaux de France, d’Allemagne et d’Italie. Il tire de cette expérience un Journal de voyage et surtout de nombreuses réflexions, qui nourriront ses Essais, consacrées notamment à la douleur et aux rapports qu’elle entretient avec le jugement, mais aussi à l’analyse des mœurs et des coutumes des différents peuples d’Europe. C’est pendant ces voyages qu’il est élu, en son absence, maire de Bordeaux, ce qui témoigne de la réputation dont il jouissait. Il exerce cette fonction de 1581 à 1585, et s’en acquitte avec la plus grande conscience, mais abandonne cette charge au moment où une épidémie de peste se répand dans la région, l’obligeant même à fuir son domaine. En 1588, il se rend à Paris pour faire paraître la seconde édition des Essais, apportant plus de six cents ajouts au corpus existant ainsi qu’un troisième livre. Il est embastillé par le parti de la Ligue, puis immédiatement libéré sur l’ordre de Catherine de Médicis. C’est aussi à Paris qu’il rencontre Marie de Gournay, qui deviendra sa fille d’adoption. C’est elle qui fera paraître une édition posthume des Essais, en 1595, trois ans après sa mort. Cette édition, fondée sur les annotations manuscrites de l’auteur, est appelée « édition de Bordeaux ».

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